jeudi 2 février 2017

Les fleurs noires de Santa Maria - Hernan Rivera Letelier



Quatrième de couverture:


1907 est une année de grandes grèves au Chili. Dans les mines de nitrate du désert d'Atacama, des milliers de mineurs décident de faire une grande marche à travers le désert en direction de la petite ville de Santa Maria de Iquique, où doivent se tenir, pensent-ils, des négociations.
Parmi eux, on croise des personnages incroyables: Olegario, le mineur amoureux de la silhouette de gitane sur son paquet de cigarettes, Gregoria l'énergique veuve au grand cœur, Idilio le constructeur de cerfs-volants, et la jeune Liria Maria. Tous ces protagonistes pleins de force et d'innocence sont inexorablement entraînés vers un dénouement tragique et réel: la répression fera trois mille morts.


Quelques infos:


Editions: Metallié
Date de parution: 2004
Pages: 214


Mon avis:


A la fin du 19e siècle, l'économie du Chili connaît un véritable essor grâce aux mines de salpêtre situées dans le nord du pays, dans une région du désert d'Atacama appelée La Pampa.
Dans des conditions très difficiles, les "pampinos" extraient le nitrate de sodium qui est ensuite transformé comme fertilisant et exporté à travers le monde.
Le récit nous emmène dans les mines de San Lorenzo en 1907. Les mineurs se révoltent contre leurs conditions de travail et réclament une hausse de salaire. Rejoint par les mineurs d'autres villes, c'est par millier qu'ils entament une longue marche à travers le désert d'Atacama pour rejoindre Iquique afin de faire entendre leurs revendications auprès des patrons, espérant être soutenu par les autorités locales.

"Maintenant hors du village, en rase campagne, éclairés par des torches ou des lampes à carbure et suivant toujours la ligne de chemin de fer, nous allongions le pas, pleins de courage et d'espoir en notre mission. A la vérité, la grande épopée que nous étions en train de vivre nous paraissait incroyable: nous prenions soudain conscience de n'être plus une poignée de travailleurs de la compagnie San Lorenzo mendiant une augmentation de salaire au gringo de la bouffarde mais, rassemblés du jour au lendemain en une foule poursuivant son rêve, de nous être transformés en une sorte d'armée de libération de pampinos, en une caravane épique et dépenaillée d'hommes, de femmes et d'enfants traversant un des endroits les plus inhospitaliers du monde pour revendiquer leurs droits. Et, même si la plupart d'entre nous s'étaient lancés dans l'aventure dans l'état où ce vent de courage les avaient emportés - avec le cœur pour boussole et l’espoir pour raison de campagne - , chacun sentait un indescriptible sensation d'audace et de liberté bouillonner dans son cœur."

L'auteur nous conte l'histoire, réelle, de cette tragédie annoncée à travers le destin de quelques personnages: Olegario Santana, mineur entre deux âges, lucide quant au résultat de leur expédition, José Pintor, le mécréant au verbe haut, Gregoria, une battante, soutenant le mouvement coûte que coûte, Idilio et Liria Maria, deux jeunes adultes qui découvriront l'amour dans les bras l'un de l'autre. Cette idylle amène un peu de poésie et d'espoir dans cette histoire âpre et tragique.

"A la lumière de la lune, Liria Maria voit les yeux d'Idilio Montano verser des torrents de larmes. Jamais auparavant elle n'avait vu pleurer un homme. Dans un brusque élan de tendresse, la jeune fille lui sèche les joues de ses mains et effleure légèrement ses lèvres de sa bouche. Quand ils se regardent de nouveau, toutes les étoiles du ciel palpitent dans leurs yeux étonnés. C'est le premier baiser d'amour qu'elle donne et le premier qu'il reçoit."

Parvenues à Iquique, les familles s'entassent dans des logements de fortune, hangar, chapiteau d'un cirque ou école... Pendant qu'une délégation de mineurs négocie avec les patrons, les jours s'égrénent dans l'attente d'une solution au conflit. Dans une ambiance calme et solidaire, nous partageons le quotidien de nos héros ordinaires, fait d'amour, de courage, de virée entre copains, de petites jalousies parfois et de grande solidarité souvent. A tel point, que le lecteur s'interroge sur le pourquoi de cette tragédie annoncée par la quatrième de couverture.

Alors que le nombre de militaire s'accroît au fur et à mesure que le nombre de grévistes installés à Iquique augmente, la tension des derniers jours est très bien retranscrite par l'auteur. J'ai tourné les pages avec angoisse, révoltée par les méthodes employées par les administrateurs et les autorités qui restent sourds aux revendications des mineurs: jeu de dupes, langue de bois, fausse écoute et fausses promesses, propagande et désinformation et pour finir extrême violence.

J'ai été bouleversée  par le récit de ce conflit entre deux mondes inconciliables qui se termine par un bain de sang. 
A lire pour savoir et ne pas oublier....

Citations:


Le plus désespérant, c'était de voir la ligne tremblante de l'horizon se maintenir à la même distance quelque soit le chemin parcouru.

Rêver, c'est déjà une façon de lutter, don Olegario. Quelqu'un a dit un jour: tous les rêves sont séditieux.




Challenge des jeux olympiques des nationalités: Pays: Chili, Continent: Amérique
Coupe des 4 maisons: Portoloin, livre qui ne se passe ni en France, ni aux USA, ni en Angleterre, 10 points

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