vendredi 14 avril 2017

La petite Fadette - George Sand



Quelques infos:


Edition: Folio Classique
Date de 1ère parution: 1849
Pages: 280


Mon avis:


Landry et Sylvinet sont deux frères jumeaux qui ont grandi dans une ferme du Berry. Liés par un amour fraternel très fort, ils n'ont jamais été séparés. Mais alors qu'ils viennent d'avoir quinze ans, Landry doit aller travailler à ferme voisine. C'est un déchirement pour Sylvinet d'autant que son frère, sans pour autant perdre son amour fraternel, semble bien s'accommoder de la situation. 
Lorsque Landry s'entiche de la petite Fadette, une jeune fille dont l'allure et les propos lui valent une réputation de sorcière auprès des paysans du coin, Sylvinet voit rouge. 
Les deux amoureux parviendront-ils à s'affranchir des préjugés de leur entourage et vivre leur amour au grand jour? Landry devra-t-il choisir entre l'amour de son frère et celui de la petite Fadette?

Voici dont le récit non pas d'une mais de deux histoires d'amour: celle de Landry et de Fadette et celle de Sylvinet pour son frère. Si dans la première, les sentiments sont lumineux et permettent à Landry de s'affirmer et à la Fadette de sortir de sa condition, dans la seconde, les sentiments qu'éprouvent Sylvinet sont nocifs pour les deux frères. Ils rendent malade l'un et enchaînent l'autre. C'est une véritable tempête intérieure qui balaye le cœur du malheureux Sylvinet qui tombera dans la mélancolie malgré les efforts de Landry pour conserver le lien.

Finalement, c'est l'arrivée de la petite Fadette qui coupera le cordon entre les deux frères. Sylvinet se moque et rejette cette petite souillon. Landry, lorsque la Fadette le tire d'un mauvais pas, découvre que cette petite gamine mal fagottée cache en réalité une personnalité en or et en tombera amoureux. 
Nous assisterons à la transformation de ce vilain petit canard. C'est une jeune fille pauvre qui a la langue bien pendue et un talent de guérisseuse. Sa famille a mauvaise réputation et elle est rejetée et moquée par les gens.

"Il est vrai que le bon Dieu m'a faite curieuse, si c'est l'être que de désirer connaître les choses cachées. Mais si on avait été bon et humain envers moi, je n'aurais pas songé à contenter ma curiosité aux dépens du prochain. J'aurais renfermé mon amusement dans la connaissance des secrets que m'enseigne ma grand mère pour la guérison du corps humain. Les fleurs, les herbes, les pierres, les mouches, tous les secrets de la nature, il y en aurait bien assez pour m'occuper et pour me divertir, moi qui aime à vaguer et à fureter partout. (...) Eh bien, au lieu d'être remerciée, honnêtement par tous les enfants de mon âge dont je guérissais les blessures et les maladies, et à qui j'enseignais mes remèdes sans demander jamais de récompense, j'ai été traitée de sorcière, et ceux qui venaient bien doucement me prier quand ils avaient besoin de moi, me disaient plus tard des sottises à la première occasion. (...) Quand à ne prendre soin ni de ma personne ni de mes manières, cela devrait montrer que je ne suis pas assez folle pour me croire belle, lorsque je sais que je suis si laide que personne ne peut me regarder. On me l'a dit assez souvent pour que je le sache; et, en voyant combien les gens sont durs et méprisants pour ceux que le bon Dieu a mal partagés, je me suis fait un plaisir de leur déplaire, me consolant par l'idée que ma figure n'avait rien de repoussant pour le bon Dieu et pour mon ange gardien, lesquels ne me la reprocheraient pas que je ne la reproche moi même."

Je la trouve particulièrement touchante dans sa façon de se raconter sans jamais se plaindre. Par amour, elle cherchera à s'améliorer, soignera son apparence et se donnera les moyens de sortir de sa condition sans pour autant changer sa nature profonde.

Enfin, ce livre nous décrit le monde rural du 19e siècle. George Sand met en relief les mœurs et les croyances de l'époque souvent teintées de méfiance et d'ignorance. Elle y fait remarquer l'hypocrisie et y défend cette petite Fadette victime des peurs collectives.

L'écriture est au départ un peu déroutante. C'est en lisant les notes à la fin du livre que j'ai compris que c'était un effet voulu par l'auteur qui utilise volontairement un vocabulaire et des tournures de phrases qui reproduisent le parler paysan. Je me suis laissée prendre au jeu et du fait je me suis sentie complètement immergée dans ce monde champêtre avec l'impression d'écouter​ une jolie fable assise au coin de l'âtre d'une ferme Berrichonne.

La lecture de ce classique de la littérature française m'a vraiment enchantée, il transmet de belles valeurs et j'ai été touchée par les talents de conteuse de George Sand.




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